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BCETout le monde savait que Mario Draghi devait impérativement adopter un certain nombre de mesures très crédibles pour calmer les marchés et ramener la confiance. Il a non seulement tenu ses promesses mais il est même allé au-delà des attentes de la plupart des observateurs.
La BCE a abaissé ses trois taux directeurs et étendu sensiblement son programme d’assouplissement quantitatif, à la fois en accroissant son volume et en ajoutant les obligations d’entreprise à la liste des actifs éligibles. Elle a également lancé une nouvelle série de TLTRO sur quatre ans de manière à réduire davantage le coût de refinancement des banques dans la zone euro.
Ce dispositif est sans aucun doute assez complet, d’autant que M. Draghi a pris soin de préciser qu’il pourrait être étoffé si de nouvelles interventions se révélaient nécessaires. Mais, pour cela, il faudrait probablement que les perspectives de croissance et d’inflation de la zone euro s’assombrissent significativement, ce qui, à notre avis, est assez peu probable. De toute évidence, la confiance est une condition cruciale de l’efficacité des interventions de la BCE sans assurance aucune que l’assouplissement quantitatif puisse stimuler l’activité économique. Il est cependant tout à fait clair que, sous la direction de Mario Draghi, la BCE demeure résolue à faire « tout ce qu’il faudra ». En l’état, c’est un message capital.
Les économistes n’ont pas manqué, avant la réunion du Conseil de la BCE, de se demander quels leviers M. Draghi choisirait d’actionner pour assouplir encore la politique monétaire. Nous savons à présent qu’il a choisi de les utiliser tous, ou presque tous.
Nous nous abstiendrons de les commenter en détail. Résumons simplement les principaux éléments :
• Les trois taux directeurs ont été abaissés simultanément : le taux de refinancement principal, de 0,05 % à 0 %, le taux marginal, de 0,05 % à 0,25 %, et celui sur les dépôts à la BCE, de 0,1 % à -0,4 %.
• Le montant mensuel du programme d’achat d’actifs financiers (APP) a été accru de 20 Md EUR, soit un total de 80 Md EUR par mois.
• La liste des actifs éligibles à l’APP a été enrichie de manière à inclure les obligations d’entreprise investment grade émises par les sociétés non bancaires. En outre, le plafond de détention par émission a été porté de 33 % à 50 %.
• Dernier point, et non le moindre, la BCE va lancer 4 nouvelles facilités TLTRO en abaissant leur taux d’intérêt à 0 % afin de donner aux banques une incitation supplémentaire à distribuer plus de crédits. Le taux d’intérêt appliqué à ces opérations pourrait même tomber à -0,4 %, soit le taux des dépôts, dès lors que certains seuils de distribution de crédits sont dépassés.
Comme attendu, Mario Draghi a justifié ces mesures par la détérioration des perspectives de croissance et d’inflation depuis la dernière réunion du Conseil de la BCE, en décembre, et par le durcissement implicite des conditions de financement dans la zone euro du fait de la volatilité des marchés et du renchérissement de l’euro.